Choisir ses chaussons d’escalade… en 1978
Histoire
Si tu es allé récemment au Vieux Campeur et que tu as jeté un coup d’œil au rayon « chaussons d’escalade », tu as dû en ressortir un peu perplexe tant l’offre est riche. A tel point que ça devient très très complexe de choisir « ses » chaussons d’escalade.
Il fût un temps où le choix était plus simple… Lorsque j’ai acheté mes premiers chaussons, arrivant pour faire mes études à Paris et avec la ferme intention de passer beaucoup de temps en forêt de Fontainebleau, le seul endroit où on pouvait grimper alors, le choix se limitait à trois modèles : les « EB Super Gratton », les « René Demaison », et les « Paragot ». Et de fait, je pense que 90% des parisiens grimpaient en EB. Les « Demaison » étaient plus typés montagne. Les « Paragot » étaient vendus avec la promesse de te faire gagner un degré en dalle grâce à la supposée adhérence de la fameuse semelle blanche (perso, je n’ai jamais fait ce constat, pourtant à l’époque mon physique me donnait plus d’atouts en dalle qu’en dévers – en gros je n’avais pas de bras quoi…).

Comme tu le vois, on ne parlait pas encore de blocage talon ! Ces chaussons avaient comme caractéristique d’être en toile, et donc de se déformer assez largement avec l’usage. Ils étaient également particulièrement fins, à l’avant : mieux valait avoir le pied égyptien ! :o) Si on continue à dire qu’il faut acheter des chaussons 2 ou 3 tailles en dessous de sa taille normale, ça vient de cette époque… C’était vrai, ça l’est moins. Il fallait anticiper une prise de taille avec le temps. Pour ma part, lorsque mes chaussons étaient neufs (donc effectivement franchement petits), je prenais un bain avec et je les laissais sécher ensuite sur mes pieds…
Révolution dans le domaine du chausson vers 1980 : l’apparition de Fire (se prononce firé). La marque espagnole Boréal apportait une innovation majeure dans la gomme en intégrant de la résine dedans, ce qui donnait une adhérence hallucinante. Les fameuses gommes résinées. En frottant les deux semelles l’une à l’autre pour les faire chauffer, elles collaient l’une sur l’autre, même en les retournant ! Là, ok, j’ai fait un bond dans les dalles, merci Boreal ! C’est aussi à cette époque que j’ai passé la Joker :o) En dehors de ça, ces chaussons n’avaient aucune forme, ne ressemblaient à rien, mais ils ont marqué l’histoire.

EB n’est pas resté sur le carreau pour autant, en sortant peu après ses « Maestria » et « Super Maestria » à gommes résinées (lacets rouges) et encore plus près du pied… Des chaussons que j’aimais beaucoup.

On arrive dans les années Edlinger, le premier boom de l’escalade sportive. Patrick Edlinger donne son nom à un modèle plutôt typé grandes voies, les PE Dolomites Free, Patrick Berhault a également son modèle… Le marché s’étoffe considérablement… Boreal profite à fond de son innovation, rafle le marché américain, et deux marques émergent : La Sportiva et Five Ten.
Juste pour le fun, je te mets une photo des premières ballerines La Sportiva en 1984.


Oui oui, « on » – pas moi ! – grimpait avec ça, et dans du franchement sévère… Ci-dessus, dans le Verdon avec son beau calcaire gris.
Dominique Hieaux
2 comments